Quand j’ai commencé à travailler à temps plein, dans l’un de mes premiers rôles, je suis arrivée à mon premier jour de travail pleine de bonne volonté, avec mes connaissances universitaires fraîchement acquises, pensant que ces seules connaissances cognitives suffiraient pour être bonne dans mon poste.
Dans ma tête, j’étais une personne intelligente, capable de m’exprimer, donc ça se passerait bien! Hum! Pas tout à fait!
Bien que j’apprenais rapidement et que j’ai vite compris les rouages de l’entreprise, je me suis également vite rendu compte que mes compétences intellectuelles n’étaient pas suffisantes sur le plan interpersonnel. Je bousculais. Je dérangeais. Je n’écoutais pas. J’arrivais avec mes idées préconçues, mes nouvelles notions… mais je n’étais pas ouverte, réceptive, empathique. Je n’avais pas compris, à l’époque, que je n’avais pas suffisamment développé mon intelligence émotionnelle.
Aujourd’hui, 25 ans plus tard et forte de plusieurs expériences professionnelles diverses, je réalise à quel point j’avais surestimé les gens aux capacités cognitives exceptionnelles et sous-estimé l’importance de l’intelligence émotionnelle.
Mais en même temps, c’est normal, non? Nous avons toujours été comparés par nos notes à l’école, nous avons toujours été amenés à réfléchir, à calculer, à se comparer; le système scolaire actuel est fait pour que nous puissions développer nos compétences intellectuelles, apprendre des notions, du par coeur, des théories, des thèses. Et plus les gens ont un haut niveau d’études, plus on les encense.
ATTENTION! Loin de moi l’idée de réduire l’investissement de temps, les efforts, et encore moins les capacités cognitives qu’ont les gens qui terminent une maîtrise, un doctorat, un post-doctorat! Au contraire! Mais je veux juste que l’on réalise la place de l’intelligence émotionnelle au travail.
Quand apprend-on cela à l’école? Quand apprend-on avec notre cœur au lieu de notre tête? Quand suivons-nous notre instinct? Quand apprenons-nous ce qu’est une distorsion cognitive, des biais de perception, des préjugés? Et l’empathie? La disponibilité? L’écoute active? L’ouverture d’esprit? La pleine conscience?
J’ai entendu ceci récemment au travail : “Oui, mais ça, ce sont des soft skills. Les gens ambitieux veulent apprendre des hard skills. “
Parfait. J’entends. Et je comprends ton raisonnement. Mais je te demande ceci : Une fois que tu auras acquis ces compétences cognitives (hard skills), comment t’adresseras-tu aux gens pour les former et leur apprendre ce que tu connais? Pour les convaincre que ce que tu dis est pertinent? Comment feras-tu face aux défis qui surviennent? Comment réagiras-tu face à un client mécontent de ton travail? Devant un employé qui vit un deuil? Un collègue qui est en désaccord avec toi? Comment iras-tu plus loin dans ton entreprise si tu n’as jamais l’ouverture d’esprit pour t’adapter, te remettre en question, te réajuster? Comment recevras-tu du feedback si tu n’as pas d’introspection?
Évidemment, ton expertise sera sollicitée à plusieurs moments, absolument! On ne va pas raconter nos problèmes à notre garagiste, mais à un psychologue. On ne va pas au centre du jardin pour un problème d’appendicite… par contre, on s’attend à ce que l’expert qui nous reçoit nous écoute, nous dise quoi faire, certes, mais nous aide à trouver la solution, nous rassure, nous calme…
Après tout, on souhaite qu’il fasse preuve d’intelligence émotionnelle, autant que d’intelligence cognitive…
À méditer! 😉
— Geneviève Riendeau, gestionnaire opérations et ressources humaines